Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

sait pour ce qu’ils sont, tout le monde s’appliquerait à la philosophie. Cachant donc leur science, comme ils font, ils trompent tous ceux des Grecs qui se piquent de vivre à la façon des Spartiates. Pour les imiter, on se meurtrit les oreilles, [342c] on se met des courroies autour des bras, on s’exerce sans cesse dans les gymnases, on porte des vêtemens fort courts, comme si c’était par là que les Lacédémoniens surpassent les autres Grecs. Mais les Lacédémoniens, lorsqu’ils veulent converser tout à leur aise avec leurs sophistes, et qu’ils s’ennuient de ne les voir qu’en cachette, chassent de chez eux tous ces étrangers qui laconisent, et en général tout étranger qui se trouve dans leur ville[1]; après quoi ils s’entretiennent avec leurs sophistes sans que les autres Grecs en sachent rien. De plus, comme les Crétois, ils ne souffrent point que leurs jeunes gens [342d] voyagent dans les autres villes, de peur qu’ils ne désapprennent ce qu’on leur a enseigné. Et ce ne sont pas seulement les hommes, dans ces deux états, qui se piquent d’érudition, mais aussi les femmes[2]. Que ce

  1. Sur la xenelasie des Lacédémoniens, voyez Plutarque, vie de Lycurgue.
  2. On ne trouve nulle autre part dans l’antiquité le moindre indice de l’érudition des femmes de Sparte, et cet endroit paraît un peu ironique.