un homme de bien ; s’ils savent cela, et il n’y a point à en douter, puisqu’ils annonçaient tout à l’heure qu’ils ont depuis peu trouvé l’art de changer les méchans en gens de bien, accordons-leur ce qu’ils demandent ; qu’ils tuent ce jeune homme, pourvu qu’ils en fassent un homme de bien, et qu’ils nous tuent nous-mêmes à ce prix. Si vous avez peur, [285c] vous autres jeunes gens, qu’ils fassent l’expérience sur moi comme[1] sur un Carien ; je suis vieux, je courrai volontiers ce danger, et me voilà prêt à m’abandonner à notre Dionysodore, comme à une autre Médée de Colchos[2]. Qu’il me tue, s’il le veut, qu’il me fasse bouillir et tout ce qu’il lui plaira, pourvu qu’il me rende vertueux. Alors, Ctésippe : Je suis prêt aussi, Socrate, à m’abandonner à ces étrangers ; et, s’il leur plaît, qu’ils m’écorchent même plus qu’ils ne font à présent, à condition qu’ils tirent de ma peau, [285d] non pas une outre, comme de la peau de Marsyas[3], mais la vertu.
- ↑ Voyez le Lachès. Les Cariens, les Mysiens formaient les esclaves grecs.
- ↑ Elle persuada les filles de Pélias de faire bouillir leur père dans une cuve pour le rajeunir. Voyez dans Palephate l’explication de cette fable, de incred. hist., 44.
- ↑ Tout le monde connaît la fable de Marsyas, qui ayant disputé à Apollon le prix de la flûte, fut écorché, et l’on fit de sa peau une outre.