Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/853

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’ils possèdent tout ce qu’il faut à un artisan ? Supposons, par exemple, qu’un charpentier ait tous les instrumens nécessaires, tout le bois qu’il lui faut, et qu’il ne travaille pas, quel avantage tirera-t-il [280d] de cette possession ? — Aucun. — Et qu’un homme possède de grandes richesses et tous les biens dont nous avons parlé, sans oser y toucher ; la possession seule de tant de biens le rendra-t-elle heureux ? — Non, sans doute, Socrate. — Il semble donc que, pour être heureux, ce ne soit pas assez d’être maître de tous ces biens, mais qu’il faut encore en user ; autrement la possession ne servira à rien. — Tu dis vrai, Socrate, répondit Clinias. — Et [280e] crois-tu, Clinias, que la possession et l’usage des biens suffisent pour rendre heureux ? — Je le crois. — Comment ! si l’on en fait un bon usage, ou un mauvais ? — Si l’on en fait un bon usage, dit Clinias. — Tu as fort bien répondu, lui dis-je, car il serait encore pis de faire un mauvais usage d’une chose, que de n’en pas user. Le premier est un mal, le dernier n’est ni [281a] bien ni mal. N’en est-il pas ainsi ? — Certainement, dit Clinias. — Y a-t-il autre chose qui apprenne à bien employer le bois que la science du charpentier ? — Non, certainement. — Et dans la fabrication des ustensiles, repris-je, c’est encore