la vertu : toute la différence qu’il y aura, c’est que je la transporterai à la poésie. Simonide dit, dans une de ces pièces adressées à Scopas, fils de Créon le Thessalien[1], [339b] qu’il est bien difficile, sans doute, de devenir véritablement homme de bien, quarré des mains, des pieds et de l’esprit[2], façonné sans nul reproche. Sais-tu cette chanson, ou te la réciterai-je tout entière ?
Cela n’est pas nécessaire, lui dis-je, je la sais, et j’en ai fait une étude particulière.
Fort bien, reprit-il. Que t’en semble ? est-elle belle et vraie, ou non.
Oui, belle et vraie.
Trouves-tu qu’elle soit belle ; si le poète se contredit ?
Non, assurément.
Hé bien, dit-il, examine-la donc [339c] mieux.
Je l’ai, mon cher, suffisamment examinée.
Tu sais donc que dans la suite de la pièce, il parle ainsi : Je ne trouve pas juste le mot de Pittacus, quoique prononcé par un homme sage, quand il dit qu’il est difficile d’être vertueux.