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Je saurai bien l’arrêter, malgré son ardeur.[1]

Crois-tu, Hippias, [371d] que le fils de Thétis, l’élève du très sage Chiron, eût si peu de mémoire, qu’après avoir fait les plus sanglans reproches aux hommes dont les paroles sont fausses, il ait dit à Ulysse qu’il allait partir sur l’heure, et à Ajax qu’il resterait ? N’est-il pas plus vraisemblable qu’il tendait des pièges à Ulysse, et que, le regardant comme un homme peu fin, il espérait le surpasser dans l’art de ruser et de mentir ?

Hippias.

Je ne le pense pas, Socrate. Mais la raison [371e] pour laquelle Achille tient à Ajax un autre langage qu’à Ulysse, c’est que la bonté de son caractère l’avait déjà fait changer de résolution. Pour Ulysse, soit qu’il dise vrai, soit qu’il mente, il ne parle jamais qu’insidieusement.

Socrate.

Si cela est, Ulysse est donc meilleur qu’Achille.

Hippias.

Nullement, Socrate.

Socrate.

Quoi ! n’avons-nous pas vu tout-à-l’heure que

  1. Iliade, liv. IX, v. 646-661, avec quelques légères variantes.