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qui des deux était représenté comme meilleur [370e] par le poète, que je les croyais tous deux très grands hommes, et qu’il me paraissait difficile de prononcer lequel avait l’avantage sur l’autre, tant à l’égard du mensonge que de la véracité et des autres vertus ; d’autant plus que, dans le point dont il s’agit, ils se ressemblent fort.

Hippias.

C’est que tu n’examines pas la chose comme il faut, Socrate. Dans les circonstances où Achille ment, ce n’est pas de dessein formé qu’il le fait, mais malgré lui ; la déroute de l’armée l’ayant contraint de rester, et d’aller à son secours. Pour Ulysse, il ment toujours volontairement et insidieusement.

Socrate.

Tu me trompes, mon cher Hippias, et tu imites Ulysse.

[371a] Hippias.

Point du tout, Socrate : en quoi donc, et que veux-tu dire ?

Socrate.

En ce que tu avances qu’Achille ne ment pas insidieusement, lui qui est si charlatan, si insidieux, outre la fausseté de ses paroles, si on s’en rapporte à Homère, et qui en sait tellement plus qu’Ulysse dans l’art de tromper sans qu’on s’en