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ARGUMENT

ce rapport ce dialogue a déjà son importance. Mais il ne faut pas oublier que le rapsode est là en quelque manière le plastron du poète ; les coups ne portent que sur le serviteur, mais ils sont adressés au maître, et l’un n’est pas couvert de ridicule sans que l’autre n’en soit atteint plus ou moins. C’est là l’art ordinaire de Platon, de mêler deux buts ensemble, et de cacher toujours le plus sérieux derrière le moins important. L’Ion est tout entier dans la comparaison célèbre que Platon y fait du poète, du rapsode et des auditeurs du rapsode avec une chaîne aimantée, dont le poète est l’anneau principal, qui communique sa vertu à l’anneau qui le suit, au rapsode qui, après l’avoir reçue, la transmet au peuple et aux anneaux inférieurs.

On voit que la pensée générale de l’Ion n’est pas indigne de Platon, qu’elle se rattache à l’ensemble de ses idées, et à la Ré-