Si c'est là, Socrate, ce qu'il veut savoir, rien n'est plus aisé que de lui dire ce que c'est que ce beau qui sert d'ornement à tout le reste, et dont la présence embellit toutes choses. [289e] Cet homme, à ce que je vois, est un imbécile, qui ne se connaît pas du tout en beauté. Tu n'as qu'à lui répondre : Ce beau que tu me demandes n'est autre que l'or ; il sera bien embarrassé, et ne s'avisera pas de te rien répliquer ; car nous savons tous que partout où l'or se trouve, ce qui paraissait laid auparavant paraîtra beau dès que l'or lui servira d'ornement.
Tu ne connais pas l'homme, Hippias ; tu ignores jusqu'à quel point il est difficile, et combien il a de peine à se rendre à ce qu'on lui dit.
Qu'est-ce que cela fait, Socrate ? Il faut, bon gré mal gré, [290a] qu'il se rende à une raison quand elle est bonne, ou, sinon, qu'il se couvre de ridicule.
Hé bien, mon cher, bien loin de se rendre à cette réponse, il s'en moquera et me dira : Insensé