Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/520

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment pourraient-ils me la laisser ? — Il y a donc quelqu’un qui te gouverne ? — Mon conducteur, que voici. — Esclave aussi, je pense ? — Sans doute, et à nous. — Il me paraît pourtant un peu fort que ce soit l’esclave qui gouverne l’homme libre. Et en quoi ce conducteur te gouverne-t-il ? — En ce qu’il me mène chez le maître. — Bon, est-ce que les maîtres [208d] te gouvernent aussi ? — Oui, assurément. — Voilà bien des maîtres et des gouverneurs que ton père t’impose volontairement. Mais encore, quand tu rentres à la maison, chez ta mère, consent-elle, pour l’amour de ton plus grand bonheur possible, que tu viennes t’emparer de sa laine et de son métier, tandis qu’elle travaille ? car pour la navette et les autres instrumens de son ouvrage, je suppose qu’elle ne te défend pas d’y toucher. — Lysis se mettant à rire : Par Jupiter, [208e] Socrate, non-seulement elle me le défend, mais je m’attirerais sur les doigts si j’y touchais. — Qu’est ceci, par Hercule ! m’écriai-je ; aurais-tu donc offensé ton père et ta mère ? — Moi ? Je jure bien que non. — Mais que leur as-tu donc fait pour qu’ils t’empêchent avec tant de rigueur d’être heureux et de faire ce qu’il te plaît, pour qu’ils te tiennent toute la journée dans la dépendance de quelqu’un, en un mot dans