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veulent ton bonheur, [208a] t’empêchent de faire ce que tu désires ? Voyons, dis-moi un peu : si tu t’avisais de vouloir monter sur l’un des chars de ton père, et prendre en main les rênes lorsqu’il y a un prix à disputer, tes parens te laisseraient-ils faire, ou bien ne t’en empêcheraient-ils pas ? — Certes, ils ne voudraient pas le permettre. — Et à qui donc le permettraient-ils ? — Il y a un cocher qui reçoit de mon père un salaire tout exprès. — Comment ! ils accordent à un homme à gages, de préférence à toi, la liberté de disposer des chevaux, et ils lui paient encore [208b] un salaire pour cela ! — Sans doute. — Mais l’attelage des mulets, au moins, ils te le laissent gouverner ; et si tu voulais prendre le fouet pour les frapper, il ne tiendrait qu’à toi ? — Nullement. — Quoi donc, répliquai-je, n’est-il permis à personne de les fouetter ? — Si bien, au muletier. — Cet homme est-il libre ou esclave ? — Esclave. — Ainsi, ils font plus de cas d’un esclave que de toi qui es leur fils ; ils lui confient ce qui leur appartient, de préférence à toi ; et lui permettent de faire les mêmes choses [208c] qu’ils te défendent ! Eh bien, dis-moi encore une chose : te laissent-ils au moins le maître de toi-même, ou bien te refusent-ils encore jusqu’à cette liberté ? — Eh, com-