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cette vie ténébreuse et terrestre, il vécut ensuite à la lumière du jour, au sein de la vérité.

« Τούτων δὲ δικασταὶ ἐπὶ Κρόνου. »

Pluton se plaint à Jupiter de l’injustice des premiers jugemens ; Jupiter promet d’y remédier à l’avenir. Il est dans l’essence du mythe, d’établir l’antériorité et la postériorité, là où il y a toujours simultanéité. L’ordre imparfait, le mythe le suppose antérieur ; l’ordre parfait, il le donne comme ayant succédé au premier ; car il faut aller de l’imparfait au parfait. Toujours les juges et ceux qu’ils jugent ont été à-la-fois nus et revêtus de corps ; toujours les jugemens ont été mauvais et bons ; car les mauvais jugemens, ce sont ceux de cette vie, dictés par la passion ou par l’erreur; les bons jugemens, ce sont ceux de l’autre vie, des juges divins, de la sagesse et de la raison : ces deux sortes de jugemens ont toujours existé simultanément.

Le mythe change le rapport d’infériorité et de supériorité en rapport d’antériorité et de postériorité. C’est ainsi qu’il faut entendre ces mots : autrefois on jugeait et on était jugé revêtu de corps, et maintenant on juge et l’on est jugé nu. La diversité des temps est substituée à celle du rang. Les interprètes n’ont pu parvenir à expliquer ceci, rebutés par la profondeur des expressions de Platon (ταῦτα