sibles se concluent des choses visibles ; les incorporelles des corporelles. Nous voyons les corps soumis à des lois, et nous concevons qu’une puissance incorporelle y préside ; aux corps célestes nous supposons une puissance motrice ; nous voyons que maintenant notre corps se meut, et ensuite, après la mort, qu’il ne se meut plus ; nous comprenons par là qu’une puissance incorporelle était la cause de ses mouvements. Ainsi nous sommes conduits par les choses visibles et corporelles aux choses invisibles et incorporelles. Or les mythes ont été inventés pour que nous allions de ce qui est apparent à ce qui est obscur. Quand on nous parle, par exemple, des adultères, de la captivité, des blessures des dieux, de la mutilation d’Uranus, etc., nous ne devons point nous arrêter à ces dehors, mais pénétrer jusqu’à la vérité qu’ils enveloppent.
Les mythes se rapportent aussi à notre âme. Dans notre enfance, nous vivons selon l’imagination, et l’imagination se prend aux formes (τύποις). L’emploi des mythes est destiné à satisfaire cette faculté. Au reste, le mythe n’est autre chose qu’une fiction qui représente la vérité. Si donc le mythe est l’image de la vérité, et si l’âme est l’image de ce qui est au-dessus d’elle (πρὸ αὐτῆς) dans l’ordre des êtres, c’est avec raison que l’âme aime les mythes ; c’est l’image qui appelle l’image.