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autres, qui, témoins des tourmens qu’il souffre, en craignent autant pour eux, et s’améliorent. Mais pour gagner à la punition et satisfaire aux dieux et aux hommes, les fautes doivent être de nature à pouvoir s’expier. Toutefois, même alors, ce n’est que par les douleurs et les souffrances que l’expiation s’accomplit et profite, ici ou dans l’autre monde : car il n’est pas possible d’être délivré autrement de l’injustice. Pour ceux qui ont commis les derniers crimes, et qui pour cette raison sont incurables, on fait sur eux des exemples. Leur supplice ne leur est d’aucune utilité, parce qu’ils sont incapables de guérison ; mais il est utile aux autres, qui contemplent les tourmens douloureux et effroyables qu’ils souffrent à jamais pour leurs crimes, en quelque sorte suspendus dans la prison des enfers, et servant tout à-la-fois de spectacle et d’instruction à tous les criminels qui y abordent sans cesse. Je soutiens qu’Archélaüs sera de ce nombre, si ce que Polus a dit de lui est vrai, ainsi que tout autre tyran qui lui ressemblera. Je crois même que la plupart de ceux qui sont ainsi donnés en spectacle sont des tyrans, des rois, des potentats, des politiques. Car ce sont eux qui, à cause du pouvoir dont ils sont revêtus, commettent les actions les plus injustes et les plus impies. Homère est ici pour moi. Ceux