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l’âme ; et il désignait par crible l’âme des insensés, pour marquer qu’elle est percée, et que la défiance et l’oubli ne lui permettent de rien retenir. Toute cette explication est assez bizarre ; néanmoins elle fait entendre ce que je veux te donner à connaître, si je puis réussir à te faire changer d’avis, et préférer à une vie insatiable et dissolue une vie réglée, qui se contente de ce qu’elle a sous la main, et n’en désire pas davantage. Ai-je gagné en effet quelque chose sur ton esprit ? et revenant sur tes pas, admets-tu que les tempérans sont plus heureux que les déréglés ? ou n’ai-je rien fait, et quand j’emploierais encore bien des fables semblables, n’en serais-tu pas plus disposé à changer d’avis ?

CALLICLÈS.

Tu dis vrai pour le dernier point, Socrate.

SOCRATE.

Souffre que je te propose un nouvel emblème sorti de la même école que le précédent. Vois si ce que tu dis de ces deux vies, la tempérante et la déréglée, n’est pas comme si tu supposais que deux hommes ont chacun un grand nombre de tonneaux ; que les tonneaux de l’un sont en bon état et remplis, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait, et d’autres de plusieurs autres liqueurs ; que d’ailleurs les liqueurs