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POLUS.

Ne crois-tu pas être réfuté suffisamment, Socrate, en avançant ainsi des choses qu’aucun homme ne soutiendra jamais ? Interroge plutôt qui tu voudras des assistans.

SOCRATE.

Je ne suis point du nombre des politiques, Polus ; et l’an passé le sort m’ayant fait sénateur, lorsque ma tribu présida à son tour aux assemblées du peuple, et qu’il me fallut recueillir les suffrages, je me rendis ridicule, parce que je ne savais comment m’y prendre. Ne me parle donc point de recueillir les suffrages des assistans, et si, comme je l’ai déjà dit, tu n’as point de meilleurs argumens à m’opposer, laisse-moi t’interroger à mon tour, et fais l’essai de ma façon de réfuter, que je crois la bonne. Je ne sais produire qu’un seul témoin en faveur de ce que je dis, celui-là même avec qui je discute ; et je ne tiens nul compte du grand nombre. Je ne recueille d’autre suffrage que le sien ; pour la foule, je ne lui adresse pas même la parole. Vois donc si tu veux souffrir à ton tour que je te réfute, en t’engageant à répondre à mes questions. Car je suis convaincu que toi et moi et les autres hommes, nous pensons tous que c’est un plus grand mal de com-