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ment, et entrer dans les voies de cette autre rhétorique qui a pour but d’améliorer l’homme, et non de lui faire plaisir. Or, pour améliorer les autres, il faut d’abord être bon soi-même. La vertu est donc la condition de la vraie rhétorique, c’est-à-dire de la vraie politique, comme son but et l’utilité morale de l’auditoire ou du pays auquel elle s’adresse. De là la témérité de ceux qui, sans s’être exercés à se gouverner eux-mêmes, osent se porter comme orateurs et hommes d’état, et entreprendre de diriger et de conseiller les autres ; et le délire de la renommée, qui donne le titre de politiques à des hommes qui, loin d’avoir amélioré leurs semblables, les ont corrompus autant qu’il était en eux, ne songeant qu’aux intérêts matériels de la société, prenant la grandeur apparente pour la véritable grandeur, l’éclat d’un jour pour la puissance, serviteurs de ceux dont ils se croient les maîtres, et se perdant souvent par les vices mêmes qu’ils