Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous, il n’est plus de la première jeunesse, et il a le menton tout couvert de barbe.

SOCRATE.

Qu’est-ce que cela fait ? Tu n’approuves donc pas ce que dit Homère, [309b] que l’âge le plus agréable est celui où l’on commence à avoir de la barbe[1] ; c’est justement l’âge d’Alcibiade.

L’AMI DE SOCRATE.

Quoi qu’il en soit, ne viens-tu pas d’avec lui ? comment êtes-vous ensemble ?

SOCRATE.

Fort bien ; et aujourd’hui mieux que jamais, car il a dit mille choses en ma faveur, et a pris mon parti ; je le quitte à l’instant ; et je te dirai une chose qui te paraîtra bien étrange ; c’est qu’en sa présence je ne faisais aucune attention à lui, et souvent même j’oubliais qu’il était là.

L’AMI DE SOCRATE.

Que vous est-il donc arrivé à l’un et à l’autre ? car assurément tu n’as pas trouvé dans la ville quelque jeune homme plus beau qu’Alcibiade.

SOCRATE.

Bien plus beau.

  1. HOM. Odyss. liv. X, v. 279.