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qu’un reflet de l’ordre moral. Or, nulle âme n’est dans l’ordre moral, qui ne sait se gouverner et se tempérer elle-même. La tempérance est la condition de toutes les vertus. Dans cette longue lutte des passions contre le devoir, qui ne finit qu’avec la vie, l’homme tempérant est seul capable de remplir habituellement ses devoirs envers ses semblables et envers les dieux. Être tempérant vis-à-vis ses semblables, c’est être juste ; envers les dieux, c’est être pieux et saint. C’est être aussi courageux, car l’instrument de la tempérance ou de l’empire sur soi-même est le courage. La complaisance pour soi-même, la faiblesse est la route par laquelle tous les désordres envahissent l’âme ; et ce qu’il faut d’abord inculquer à l’homme, c’est la mâle habitude de se porter toujours pour ainsi dire en avant du devoir et de l’honneur, advienne ensuite que pourra. La tempérance appuyée sur le courage fonde et maintient la justice et la piété, c’est-à-dire la vertu tout entière, c’est-à-dire