Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la loi d’un être soit ailleurs que dans sa vraie nature. Or, qu’est-ce que l’homme ? une nature intelligente et libre, dont la loi par conséquent est la vérité et la justice. Le rapport de l’homme à la justice et à la vérité, voilà sa loi, voilà l’ordre pour lui et son vrai bonheur ; être en dehors de la justice et de la vérité, voilà pour lui le désordre et la misère. C’est donc dans l’âme que gît réellement le bonheur et le malheur ; c’est dans les profondeurs de l’homme invisible que se passent les évènements heureux ou malheureux de la vie. On ne peut dire d’un homme, fût-il le grand roi, dit Platon, s’il est heureux ou malheureux, tant qu’on ne sait pas où en est son âme par rapport à la science et à la justice. Plus il y a d’injustice et d’ignorance, plus il y a de malheur réel, quel que soit le bonheur apparent. Si donc le malheur véritable est l’infraction à l’ordre, il suit que le malheur est de commettre une injustice et non de la recevoir, d’être tyran,