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du pouvoir ; le pouvoir est, il est vrai, de faire ce qu’on veut ; mais il faut bien distinguer entre les déterminations régulières de la volonté et les caprices déréglés du désir. La volonté se rapporte essentiellement au bien ; c’est là son objet constant et fixe, sa fonction propre et sa loi ; c’est là aussi sa grandeur et sa puissance. En effet l’action déréglée est tout individuelle, faible et périssable : née du caprice d’un moment, elle s’épuise dans le délire ou le crime du moment qui suit, pour se dissiper aussitôt devant les lois supérieures de l’ordre, qui surmontent et entraînent tout. L’action légitime, au contraire, par son rapport à la loi qui est toujours général, en contracte une sorte de généralité, et par là s’associe à la durée et à la force de l’ordre qu’elle réfléchit. Le pouvoir injuste n’est donc au fond que faiblesse et impuissance ; le pouvoir légitime est seul fort, seul il est du pouvoir ; car, comme le dit très bien Platon, quoiqu’un