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ARGUMENT

goras, pour ne pas avoir l’air d’un rêveur et pour se distinguer des autres sophistes, ne lui parle pas de sa métaphysique, et lui déclare qu’il enseigne la politique. Or, le sujet véritable de la politique étant la vertu, Socrate s’étonne qu’à ce compte on puisse enseigner la politique, et il élève la question si la vertu peut être enseignée. Protagoras, qui naturellement tient pour l’affirmative, lui en donne un certain nombre de preuves extérieures auxquelles Socrate répond par des argumens du même genre ; mais bientôt, laissant là cette polémique superficielle, il force Protagoras d’aller avec lui au fond de la question ; et après lui avoir prouvé que pour savoir si la vertu peut être enseignée il faut savoir d’abord ce que c’est que la vertu, il lui demande quelle est l’essence de la vertu, si elle est une, ou si elle a des parties qui se laissent enseigner les unes après les autres. Protagoras prétend, avec tout le monde, que la vertu a des parties, et des parties diverses,