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quel il succombe. Vous verrez plus clairement combien ce discours est ridicule, si nous n’employons pas plusieurs noms, tels que ceux d’agréable et de désagréable, de bon et de mauvais, et si, comme nous avons vu qu’il n’y a que deux choses, nous ne nous servons aussi que de deux noms pour les exprimer : d’abord de ceux de bon et de mauvais ; ensuite, de ceux d’agréable et [355c] de désagréable. Cela posé, disons qu’un homme, connaissant pour mauvais ce qui est mauvais, ne laisse pas de le faire. Si quelqu’un nous demande pourquoi, nous répondrons que c’est parce qu’il est vaincu. Par quoi ? nous dira-t-il. Il ne nous est plus permis de dire que c’est par le plaisir, puisqu’à la place du nom de plaisir nous avons substitué celui de bien. Répondons-lui donc, et disons que c’est parce qu’il est vaincu. Par quoi ? répliquera-t-il. Par le bien, dirons-nous. Si celui qui nous interroge est un railleur, il se moquera de nous, [355d] et nous dira : En vérité, vous avancez là une chose bien absurde, qu’un homme qui sait que ce qu’il va faire est mauvais, le fasse lorsque rien ne l’y oblige, et cela vaincu par le bien. Quoi donc ! poursuivra-t-il, les biens ne méritent-ils pas de l’emporter dans votre estime sur les maux, ou le méritent-ils ? Nous répondrons sans doute qu’ils ne le méritent pas ; autrement celui que nous