Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

ficulté ; persuadé que tu ne te feras aucun tort dans mon esprit, si tu parles maintenant d’une autre manière. Car je ne serais nullement surpris que ce que tu as dit alors, tu l’eusses dit [349d] pour me tâter.

Je te répète de nouveau, Socrate, que ce sont autant de parties de la vertu, et que quatre d’entre elles ont les unes avec les autres une ressemblance assez marquée ; mais que pour le courage, c’est une vertu tout-à-fait différente des autres. La preuve en est que tu trouveras beaucoup de gens très injustes, très impies, très débauchés, très ignorans, et qui pourtant ont un courage extraordinaire.

[349e] Arrête, repris-je : il est important d’examiner ce que tu dis. Entends-tu par courageux ceux qui sont hardis, ou bien autre chose ?

Oui, dit-il ; et ceux qui vont avec sécurité au-devant des objets dont les autres craignent d’approcher.

Maintenant, réponds-moi : reconnais-tu que la vertu est une belle chose, et n’est-ce pas comme telle que tu fais profession de l’enseigner ?

Comme une très belle chose assurément : ou il faut que je sois fou.

La vertu est-elle en partie laide, et en partie belle, ou belle de tout point ?