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l’énergie. Rien de plus naturel alors que de mettre, dans le cas général, la valeur de R sous la forme d’une somme de deux termes contenant l’un la première puissance de l’énergie et l’autre la seconde puissance, et cela de telle façon que pour les petites valeurs de l’énergie le premier terme soit prépondérant et le second pour les grandes longueurs d’onde. C’est ainsi que j’arrivai à une formule du rayonnement qui s’est comportée d’une façon assez satisfaisante au contrôle expérimental[1]. Il ne faudrait pas cependant tenir cette formule pour définitive, j’estime au contraire qu’il serait des plus souhaitable qu’on la soumit à un nouveau contrôle[2].

En tout cas, même si cette formule devait être pleinement vérifiée par l’expérience, elle ne pourrait jamais être considérée que comme une heureuse formule d’interpolation et elle n’aurait, à ce titre, qu’une valeur tout à fait limitée. C’est pourquoi je ne l’eus pas plutôt trouvée que je me mis en devoir d’en chercher la véritable signification physique. La question considérée sous cet angle m’amena à considérer les rapports entre l’énergie et l’entropie, en reprenant le point de vue de Boltzmann. Après quelques semaines qui furent certes remplies par le travail le plus acharné de ma vie, un éclair se fit dans l’obscurité où je me débattais et des perspectives insoupçonnées s’ouvrirent à moi.

Qu’il me soit permis de faire ici une légère digression. Selon Boltzmann, l’entropie est une mesure de la probabilité et le second principe de la thermodynamique consiste essentiellement à affirmer qu’un état se reproduit d’autant plus fréquemment dans la nature qu’il est plus probable.

Remarquons, d’autre part, qu’on ne mesure jamais directement des entropies, mais seulement des différences d’entropies. C’est pourquoi il y a toujours un certain arbitraire à parler d’entropie absolue d’un système. Et pourtant il convient d’introduire le concept d’une entropie absolue, définie d’une manière suffisante, car on peut arriver ainsi à formuler certaines propositions d’une manière particulièrement simple. À mon avis, le cas de l’entropie est très semblable au cas de l’énergie, car l’énergie elle-même n’est pas mesurable, mais seulement la différence d’énergie.

  1. Si l’on pose alors :
    .

    il en résulte par intégration :

    d’où l’on tire la formule de rayonnement :

    .

  2. Cf. W. Nernst et Th. Wulf : Verh. d. Deutsch. Physik. Ges., vol. 21, p. 224 (1919).