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Initiations à la physique

AVANT-PROPOS

Si l’on veut bien ne pas oublier que depuis ma première conférence de Leyde sur l’unité de la conception de l’univers selon la physique, vingt-cinq ans se sont écoulés, pendant lesquels cette science a subi une transformation dépassant en ampleur tout ce qu’on aurait pu prévoir d’après l’étendue de son évolution pendant les vingt-cinq années précédentes, on trouvera, certes, bien naturel qu’il se soit produit quelques modifications et même des renouvellements dans les idées d’un physicien dont la vie a été mêlée de très près au développement de sa science. Et, pourtant, je ne crois pas me tromper si j’affirme que les principes posés et défendus par moi dans toutes les grandes questions de physique et aussi tout ce que j’ai dit au sujet de la connaissance en physique, se sont trouvés confirmés par la suite. Je suis donc aujourd’hui pleinement en droit de maintenir entièrement les points de vue exposés dans mes premiers ouvrages. La pensée fondamentale qu’on trouvera partout dans ce livre, celle qui est à la base de toutes les considérations qui vont être exposées dans ces différents chapitres et qui fait d’eux, en dépit de leur diversité, un tout cohérent, est on ne peut plus simple : c’est que la physique a pour but d’explorer le monde extérieur. Le point faible de cette formule est que la réalité du monde extérieur n’est pas susceptible d’une démonstration directe, c’est pourquoi, de tout temps, elle a soulevé des objections de principe. Pour nombre de philosophes et de physiciens notables, il n’y a aucun sens à parler d’un monde extérieur réel par