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grandes ondes du début se répartira peu à peu entre des ondes de plus en plus courtes et de plus en plus faibles, surtout par suite du choc de l’eau contre les rives et contre d’autres corps solides. Cet émiettement de l’énergie avec le temps ira en s’accentuant jusqu’à ce que les ondes deviennent si petites qu’elles échappent à toute observation. En définitive, nous aurons la transformation d’un mouvement sensible en chaleur, d’un mouvement macroscopique en un mouvement moléculaire, d’un mouvement ordonné en un mouvement désordonné. Dans un mouvement ordonné, les molécules ont en effet la même direction et la même vitesse ; dans un mouvement désordonné, au contraire, chaque molécule à une vitesse dont l’intensité et la direction sont indépendantes des vitesses et des autres molécules.

Mais le processus d’émiettement de l’énergie, tel que nous venons de le décrire, est nécessairement limité par la grandeur des atomes, car le mouvement d’un atome isolé considéré à part, est toujours un mouvement ordonné, toutes les parties d’un atome se mouvant avec la même vitesse ; c’est pourquoi plus les atomes seront grands et moins l’énergie totale du mouvement sera susceptible de se disperser. Jusqu’ici tout est parfaitement clair et s’accorde complétement tant avec la théorie classique qu’avec l’expérience.

Considérons maintenant un phénomène tout à fait analogue ayant pour siège, non plus des ondes aqueuses, mais des ondes lumineuses ou celles de la chaleur rayonnante. Nous supposerons alors que les rayons provenant d’un corps fortement incandescent sont rassemblés à l’intérieur d’une enceinte entièrement close par un système de réflecteurs appropriés et qu’ils rebondissent sans arrêt sur les parois réfléchissantes de cette enceinte. Dans ce cas également, il y aura transformation des grandes longueurs d’onde en longueur d’onde plus courtes et du rayonnement ; ordonné en un rayonnement désordonné. Mais les rayons infra-rouges correspondent aux grandes ondes plus grossières et les ondes courtes aux radiations ultra-violettes du spectre ; on doit, d’après la théorie classique, s’attendre à ce que le rayonnement tout entier se transforme finalement en radiation ultra-violette. En d’autres termes, les