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On devrait donc réserver le nom d’atome à ce qui est véritablement invariable, c’est-à-dire, peut-être, aux électrons et à l’hydrogène. Mais, sans compter qu’on ne pourra jamais démontrer qu’il existe des éléments invariables au sens absolu du terme, la modification qu’il faudrait apporter aux dénominations actuelles pour les rendre conformes à l’étymologie serait de nature à engendrer des confusions inextricables. Il y a, en effet, bien longtemps que les atomes dont on parle en chimie, n’ont plus rien de commun avec ceux de Démocrite ; leur définition actuelle s’est beaucoup précisée et elle fait intervenir des grandeurs susceptibles de s’exprimer exactement par des nombres. C’est de ces atomes, au sens moderne et d’eux seuls qu’on parle lorsqu’on dit qu’ils sont transformables, aussi ne saurait-il y avoir aucune espèce de malentendu.

L’indépendance réciproque du temps et de l’espace est également une de ces choses qui allaient de soi encore tout récemment. La question de savoir si deux événements, se passant en deux lieux différents, sont ou ne sont pas simultanés, avait un sens physique défini sans qu’il fût nécessaire de demander quel était l’observateur qui procédait à la mesure du temps. Aujourd’hui il en est autrement. Les expériences les plus délicates d’électrodynamique et d’optique ont élevé au rang de fait bien établi ce que l’on appelle, à vrai dire, d’une manière assez ambiguë, la relativité de tous les mouvements. Or la constatation de ce fait a mis en évidence l’incompatibilité de l’idée primitive d’un temps indépendant de l’espace avec le principe de la constance de la vitesse de la lumière, base de l’électrodynamique de Maxwell-Lorentz. Ce principe veut que la vitesse de la lumière dans le vide soit indépendante du mouvement de la source lumineuse. Si donc on admet la relativité comme expérimentalement démontrée, il faut sacrifier, soit l’indépendance du temps et de l’espace, soit la constance de la vitesse de la lumière.

Citons un exemple simple pour fixer les idées. Supposons qu’un signal horaire radiotélégraphique soit émis par la tour Eiffel, conformément à la réglementation qui vient d’être projetée pour l’unification du temps. Toutes les stations qui se trouvent à égale distance du centre d’émission recevront en même temps le signal et pourront régler leurs