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CHAPITRE II

VOIES D’ACCÈS NOUVELLES À LA CONNAISSANCE EN PHYSIQUE

Depuis une génération environ, la physique expérimentale s’est prodigieusement développée. Les progrès qu’elle a fait dépassent de loin tout ce qui s’était vu auparavant et, plus que jamais, tout le monde a conscience de l’importance des conséquences de ce progrès pour la civilisation humaine. Les ondes de la télégraphie sans fil, les électrons, les rayons X, les phénomènes de radioactivité intéressent plus ou moins tout le monde. Cependant, si nous nous demandons maintenant dans quelle mesure ces merveilleuses découvertes ont servi à perfectionner notre connaissance de la nature et de ses lois ; il ne semble pas, au premier abord, que nous ayons d’aussi éclatants motifs de satisfaction.

Regardé d’un peu loin et comme d’un observatoire élevé, l’ensemble de la physique théorique moderne, bien loin de nous procurer un sentiment apaisant de sécurité analogue à celui que nous ferait éprouver l’ensemble des spéculations de la période précédente, qualifiée à juste titre de classique, donne au contraire facilement l’impression d’un chaos. Nous voyons les physiciens se débattre un peu à l’aveuglette comme s’ils étaient déroutés par des découvertes expérimentales trop nombreuses, survenues en même temps, et dont une bonne part étaient totalement imprévues. Partout nous voyons attaquées les opinions anciennes, même les plus solidement enracinées ; les postulats les plus incontestés sont ébranlés et font place à des hypothèses nouvelles. Parmi ces hypothèses, il en est d’une hardiesse telle qu’elles mettent à une épreuve presque in-