Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XII

LA SCIENCE ET LA FOI

Innombrables sont véritablement les impressions que chacun de nous reçoit pendant le cours d’une année, on pourrait presque dire que nous en sommes, chaque jour, submergés. En raison des progrès inouïs qui ont été apportés aux moyens de communication et d’entente entre les hommes, les obstacles créés par la distance existent de moins en moins. À vrai dire, ces impressions sont souvent aussi vite oubliées qu’elles sont venues, tellement vite quelquefois, qu’il n’en reste pas trace du jour au lendemain. Mais il est bon qu’il en soit ainsi ; car s’il en était autrement, l’homme contemporain serait opprimé jusqu’à l’asphyxie sous un tel déluge. D’ailleurs, en réaction contre ce flot perpétuellement mouvant d’images qui envahissent la mémoire, nous trouvons chez tous ceux qui ne veulent pas traverser l’existence à la manière d’un éphémère, le souci de plus en plus fort de s’appuyer sur quelque chose de stable, sur une richesse spirituelle capable de leur fournir un point d’appui solide dans le chaos des vicissitudes de la vie quotidienne. Ainsi s’explique dans la jeunesse arrivée aujourd’hui à l’âge mûr, exaspéré jusqu’en devenir une véritable soif, le désir d’une conception aussi vaste que possible de l’univers. Cette soif, elle tâchera de l’étancher comme elle le pourra et, par les voies les plus diverses, tant est grande sa hâte de trouver un asile de rafraîchissement et de paix pour son esprit tourmenté.

L’Église dont c’est la vocation de satisfaire les besoins de cette sorte, n’est pas souvent, à notre époque, en état de satisfaire des esprits envahis par le doute, parce qu’elle