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giner que les lois concernant l’origine et l’évolution des idées scientifiques, pourront jamais se laisser réduire en formules exactes applicables à la prédiction de l’avenir de la science. En dernière analyse, toute idée nouvelle procède, en effet, de l’imagination créatrice de son auteur ; c’est pourquoi toute recherche, même en mathématique, la plus exacte pourtant de toutes les sciences, contient toujours quelque part un élément irrationnel, cet élément étant essentiellement inhérent à la notion même de personnalité.

Toute idée, ne l’oublions pas, est liée à une certaine impression, aussi est-il naturel et facile de concevoir pourquoi l’époque présente, si riche en impressions nouvelles qui s’entrechoquent, est dans des conditions particulièrement favorables à l’éclosion d’idées nouvelles. D’autre part, nous pouvons aussi remarquer que, pour formuler une idée, il faut toujours mettre en rapport deux événements différents et nous en conclurons, par application de simples règles de calcul combinatoire, que le nombre des idées possibles est d’un ordre de grandeur bien supérieur à celui des événements qui sont à notre disposition.

Pour expliquer cette production surabondante d’idées scientifiques qui caractérise l’époque actuelle, il faudrait aussi faire intervenir la très grande généralisation du chômage. En raison de ce fait, il y a un très grand nombre de gens doués d’un tempérament d’intellectuel qui, éprouvant le besoin de se livrer à une activité productive, trouvent dans l’étude de toutes sortes de questions philosophiques ou théoriques, une planche de salut pour échapper au vide de leur existence quotidienne. Malheureusement il est rare de voir un résultat appréciable sortir de tout ce travail.

Je n’exagère pas en disant qu’il n’y a pour ainsi dire pas de semaine où je ne reçoive une, voire plusieurs communications écrites, plus ou moins longues, provenant de personnes ayant exercé des professions les plus diverses (instituteurs, fonctionnaires, littérateurs, juristes, médecins, etc.) ; ces envois sont accompagnés, naturellement, d’une demande d’emploi ; de telle sorte qu’il me faudrait