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Newton va nous fournir notre premier exemple, bien classique, de la naissance d’une grande idée scientifique. Newton était assis, nous le savons tous, sous un pommier quand il vit une pomme tomber ; cela le fit penser au mouvement de la lune autour de la terre. Il rapprocha, en même temps, l’accélération du mouvement lunaire de l’accélération de la chute de la pomme. Le fait que ces deux accélérations sont en raison inverse du carré de la distance à la terre, lui donna l’idée de leur assigner une cause commune, et c’est ainsi qu’il trouva le fondement de toute sa théorie.

James Clerk Maxwell compara la mesure de l’intensité d’un courant, faite en appliquant les lois de l’électromagnétisme à la même mesure exécutée en utilisant les lois de l’électrostatique, et il remarqua que ces deux grandeurs sont entre elles dans un rapport égal à la vitesse de la lumière. De là il fut amené à l’idée que les ondes électromagnétiques et les ondes lumineuses sont d’une seule et même espèce.

Nous le voyons, toute nouvelle hypothèse, faisant son apparition dans la science, peut être caractérisée en disant qu’elle est une combinaison originale de deux séries de faits de natures différentes. Pour chaque théorie, nous pourrions citer des exemples qui seraient analogues aux précédents, bien qu’il y ait aussi des différences, tant dans la manière dont les rapprochements ont été formulés que dans la portée qu’ils ont eue. Ces différences correspondent à des diversités qui apparaissent dans l’évolution et dans le destin des idées scientifiques quand on passe de l’une à l’autre. Il y a des idées qui, après un temps plus ou moins long, deviennent le bien commun de toute la science, à un tel point qu’elles sont considérées comme allant de soi et qu’on ne croit même plus nécessaire de les mentionner comme allant de soi. Les deux idées dont j’ai parlé plus haut sont de cette sorte : je veux dire l’idée de Newton assimilant l’accélération lunaire à l’accélération de la chute des corps situés sur la terre et l’idée de Maxwell selon laquelle la lumière est de nature électromagnétique. La seconde idée a mis, il est vrai, beaucoup plus de temps à être universellement admise, notamment en Allemagne. Nous savons en effet que, dans ce pays, elle