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du savant et qui sont d’ailleurs, pour la plus grande part, inconscients. Ces choses sont des secrets divins ne pouvant être dévoilés que jusqu’à un certain point et ce serait une témérité folle que de chercher à les pénétrer. Nous prendrons donc notre point de départ dans ce qui se manifeste extérieurement et nous nous bornerons à examiner les idées qui ont exercé une influence sur l’évolution d’une science ; nous nous enquerrons de la forme sous laquelle elles se présentèrent tout d’abord et de la portée qui leur fut attribuée initialement.

Si nous faisons un examen de ce genre, nous en tirons une règle générale : c’est que toute idée scientifique, surgie du cerveau d’un savant, se rattache à un événement concret, à une découverte, à une observation ou à une constatation, qu’il s’agisse d’une mesure physique ou astronomique, de la découverte d’un manuscrit ou de la mise à jour des monuments d’une civilisation disparue. L’idée scientifique consistera à rapprocher l’événement concret en question d’autres événements déjà connus. Cette idée sera donc comme un pont mettant en relation des faits jusqu’alors sans cohésion. La fécondité d’une idée et, par conséquent, son efficacité au point de vue scientifique, dépendra alors de la possibilité de généralisation de la relation ainsi découverte et de son extension à toute une catégorie de faits analogues. L’ordre résulte, en effet, de relations entre les choses, grâce auxquelles il devient possible d’acquérir une idée plus simple et plus parfaite de l’univers. L’acte de poursuivre jusqu’au bout Le développement d’une idée a pour principal effet de conduire à se poser de nouvelles questions et de préparer la voie à de nouveaux succès. Ceci se vérifie aussi bien en ce qui concerne l’édification des hypothèses du physicien, que l’exégèse du philologue.

Je vais maintenant entrer un peu plus dans le détail et préciser le sens de ce que je viens de dire ; mais je pense qu’il me sera permis de me cantonner dans le domaine qui m’est familier en ma qualité de physicien. Évidemment, de ce fait, j’adopte un point de vue plus restreint ; mais cet inconvénient sera compensé par la possibilité d’être plus net dans mes exposés.

L’histoire de la découverte de la gravitation par Isaac