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tout un enchaînement systématique d’idées, aussi général et aussi parfaitement clos que possible. Ainsi en a-t-il été de la théorie de la relativité et c’est ce qui a également lieu, à l’heure actuelle pour la physique des quanta.

Les principales manifestations de cette physique se trouvent actuellement groupées autour de la fonction ondulatoire, on cherche à donner à cette fonction une importance prépondérante. Or, la fonction d’onde ne concerne que la valeur d’une probabilité, c’est pourquoi on est porté à considérer la recherche de la probabilité comme la tâche qui incombe, avant tout, au physicien. La notion de probabilité acquiert ainsi une importance primordiale ; elle devient le fondement de toute la physique.

Je ne crois pas qu’à l’avenir on se montre toujours aussi satisfait de cette manière d’envisager les choses. Les lois de l’esprit possèdent en effet un caractère de probabilité encore bien plus accentué que les lois physiques, et cependant, en psychologie, on ne considère aucun événement comme expliqué d’une façon tout à fait scientifique tant qu’on ne lui a pas trouvé une cause initiale. Il est donc à présumer qu’il sera encore bien plus difficile d’éliminer définitivement la causalité des sciences naturelles positives.

Le principe de causalité ne peut pas plus être prouvé qu’il ne peut être réfuté : il n’est donc, à proprement parler, ni vrai ni faux. C’est un principe heuristique, un guide, et à mon avis, le guide le plus précieux que nous ayons pour explorer le chaos si touffu des événements qui ont lieu dans la nature et pour nous indiquer la voie dans laquelle la recherche scientifique doit s’avancer pour arriver à des résultats féconds. Le principe de causalité s’empare de l’âme de l’enfant à son premier éveil et il lui met sur les lèvres son éternel « pourquoi ». C’est aussi ce principe qui accompagne toute la vie du savant et lui pose continuellement de nouveaux problèmes à résoudre.

Qui dit « science » ne dit pas, en effet, repos contemplatif dans la possession d’une connaissance certaine déjà acquise ; mais, bien plutôt, travail infatigable et marche incessante en avant vers un but dont nous avons bien le pressentiment, en quelque sorte divinatoire, mais à la possession complète duquel notre raison n’est jamais capable d’arriver complètement.