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activité, il lui suffit de savoir que, par exemple, dans tel composé du radium, il y a, en moyenne, par seconde, un nombre connu d’atomes subissant une dissociation. Il ne se demande pas pourquoi tel atome explose précisément maintenant, alors que son voisin restera intact, peut-être pendant mille ans. Par contre, une loi naturelle bien définie, comme la loi de Coulomb qui régit l’attraction électrique posera à ses yeux un problème non résolu. Il ne pourra en effet, se tenir pour pleinement satisfait qu’à partir du moment où il sera parvenu à déterminer quelle est la probabilité pour que la valeur de la force électrique diffère d’une quantité donnée de celle qui est calculée en s’appuyant sur la loi de Coulomb.

L’attitude intellectuelle du déterministe est, à tous égards, inverse. Pour lui, la loi de Coulomb possède un caractère de perfection, tel qu’il n’y a définitivement rien à chercher au-delà. La fonction ondulatoire n’est, au contraire, reconnue par lui, comme fournissant la valeur d’une probabilité, qu’à la condition de faire abstraction de l’appareil spécial au moyen duquel l’onde est produite ou analysée. Son effort tendra donc à découvrir des relations à forme de lois strictes entre la fonction ondulatoire et les phénomènes ayant lieu dans les corps auxquels cette fonction se rapporte ou qui réagissent sur elle. Pour y arriver, il lui faut évidemment considérer comme objet de son étude, tous ces corps et la fonction ondulatoire elle-même. Son image représentative de l’univers comprendra donc, non pas seulement le dispositif expérimental tout entier qui sert à produire les ondes matérielles (par exemple une batterie à haute tension, un fil incandescent, une préparation radioactive), mais encore les instruments de mesure qui seront une plaque photographique, une chambre d’ionisation, etc. et tous les phénomènes dont ces appareils sont le siège.

Il ne faudrait pas se figurer que, par là même, le problème se trouve résolu comme par enchantement ; il s’est au contraire compliqué. En effet, isoler une partie quelconque du domaine ainsi considéré, ou la soumettre à une influence externe quelconque, sont choses absolument interdites de par la façon même dont celui-ci a été défini. Aussi ne peut-il exister aucune méthode d’explo-