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sait, a priori, qu’elle comporte une réponse déterminée. Si les physiciens s’étaient toujours conformés à ce précepte, jamais la célèbre expérience de Michelson et Morley, n’aurait été entreprise et la théorie de la relativité n’aurait pas vu le jour. Nous savons tous, combien extraordinairement féconde a été, pour la science, la recherche de la vitesse absolue de la terre, recherche pourtant assez généralement considérée aujourd’hui comme dépourvue de sens. Dès lors, n’est-il pas permis de penser que la recherche d’une causalité stricte, s’appliquant à tout l’univers mérite encore bien davantage d’être poursuivie ? Il n’est nullement exclus, même de nos jours, qu’elle ait une signification profonde et nous savons, d’autre part, qu’elle est prégnante d’une riche moisson de succès pour la recherche scientifique.

Comment parvenir, maintenant à trancher la question. Pour nous, il n’est pas d’autre moyen que le suivant : faire sien un des deux points de vue opposés et voir si, en se basant sur lui, on aboutira à des conclusions heureuses ou inacceptables. C’est pourquoi nous trouvons heureux que les physiciens, s’intéressant à la question, se soient partagés en deux camps, dont l’un penche vers le déterminisme et l’autre vers l’indéterminisme. Autant que je puis m’en rendre compte, à l’heure actuelle, les indéterministes sont les plus nombreux ; mais c’est là un fait bien difficile à constater et un état de chose susceptible de se modifier avec le temps. Il y aurait d’ailleurs bien place pour un tiers parti occupant, en un sens, une position intermédiaire. Cette opinion consisterait à admettre que certaines notions, comme l’attraction électrique ou la gravitation ont un sens immédiat et que les lois où elles interviennent sont des lois strictes. D’autres notions, au contraire, n’auraient qu’une signification purement statistique à l’égard du monde sensible. Je dois dire que ce point de vue me semble peu satisfaisant parce qu’il manque d’unité, aussi ne m’y attarderai-je pas et je me bornerai à considérer les deux partis extrêmes.

L’indéterministe est pleinement satisfait et juge qu’il n’a plus rien à se demander quand il sait que la fonction ondulatoire de la physique quantique est une fonction de probabilités. De même, à propos du phénomène de radio-