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d’un électron doué d’une vitesse déterminée, s’exprime d’une manière particulièrement caractéristique dans la physique des quanta au moyen de la relation d’incertitude formulée pour la première fois par Werner Heisenberg. De cette relation, il résulte, entre autres choses, que plus la position d’un électron est connue avec certitude et moins il est possible de mesurer exactement sa vitesse ; l’inverse est également vrai. Ceci peut s’expliquer de la façon suivante : pour mesurer la position d’un électron, il faut que nous le voyions et pour cela, il faut que nous l’éclairions, c’est-à-dire que nous projetions de la lumière sur cet électron. Or les rayons lumineux exercent une certaine poussée sur l’électron, ce qui a pour résultat d’en modifier la vitesse d’une manière incontrôlable. Pour augmenter la précision de la détermination de la position d’un électron, il faudrait diminuer la longueur d’onde de la lumière qui sert à l’éclairer, mais dans ces conditions, le choc dû à cette lumière sera d’autant plus fort et, par suite, la vitesse de l’électron connue avec d’autant moins de certitude.

Ce raisonnement montre qu’il est, par principe, impossible de déterminer à la fois avec une précision aussi grande qu’on le veut, la valeur des coordonnées et la valeur des vitesses des points matériels, qui sont les éléments fondamentaux de l’univers représentatif de la physique classique. L’établissement d’une physique strictement causale soulève donc des difficultés, en ce qui concerne cet univers. Aussi quelques indéterministes se sont-ils crus autorisés à éliminer définitivement le principe de causalité de la physique. Cependant, un examen plus approfondi, montre que cette conclusion, qui suppose une confusion entre l’univers représentatif des physiciens et l’univers sensible, est pour le moins prématurée. Il existe, en effet, un moyen beaucoup moins héroïque de tourner la difficulté : il consiste à admettre que le problème de la détermination simultanée des coordonnées et de la vitesse d’un point matériel n’a aucun sens physique ; tout de même que celui de la trajectoire d’un photon d’une couleur déterminée. Le principe de causalité ne saurait évidemment être rendu responsable de l’impossibilité qu’il y a de donner une réponse à une question qui