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Dans le cas de la météorologie, il y a une idée qui vient tout naturellement à l’esprit, c’est que le caractère douteux de la prévision provient de la complexité de l’objet sur lequel elle porte : l’atmosphère. Si nous isolions une petite partie de l’atmosphère, un litre d’air, par exemple, nous serions déjà beaucoup plus à même de faire des prédictions sur la façon dont celui-ci se comportera vis-à-vis des influences extérieures telles que la compression, l’échauffement, l’humidification, etc. Nous connaissons des lois physiques bien déterminées, nous permettant de prévoir, avec plus ou moins de certitude, le résultat des mesures que nous effectuerons : augmentation de la pression, de la température, condensations, etc.

Mais, à y regarder de plus près, nous aboutissons à une constatation fort intéressante : Quelque simples que soient les circonstances choisies, quelque précis que soient les instruments dont nous disposions, jamais il ne nous sera possible de calculer à l’avance le résultat d’une mesure avec une exactitude absolue, c’est-à-dire telle que les nombres trouvés par l’expérience et par le calcul coïncident dans toutes leur décimales, Il y a toujours une certaine marge d’incertitude, contrairement à ce qui se passe dans les calculs purement mathématiques où nous voyons qu’il est toujours possible de trouver par exemple √2 avec autant de décimales que l’on voudra. Ce qui est vrai dans le domaine de la mécanique et de la chaleur, l’est également dans toutes les autres branches de la physique, même quand il s’agit de phénomènes optiques ou électriques. L’ensemble de toutes nos expériences nous contraint donc d’énoncer la phrase suivante à titre de vérité de fait bien établie : « En aucun cas, il n’est possible de prédire exactement un phénomène physique. »

Si maintenant nous rapprochons ce fait de la proposition énoncée en premier lieu : un événement est conditionné causalement quand il peut être prédit avec certitude ; nous nous trouvons en présence d’un dilemme très désagréable, mais inévitable : Ou bien nous maintenons la lettre de notre proposition et alors il n’y a pas dans la nature un seul cas où l’on puisse affirmer l’existence d’un lien causal ; ou bien nous maintenons a priori l’existence d’une causalité stricte et il devient nécessaire de modifier