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nullement. Que veut-on dire quand on affirme que la volonté humaine est déterminée causalement ? pas autre chose que ceci : Toute action humaine, avec les motifs qui l’accompagnent est susceptible d’être connue à l’avance ; mais seulement, bien entendu de quelqu’un qui connaîtrait l’homme auteur de cette action dans ses qualités physiques et morales ; de telle sorte que celui qui voudrait appliquer la loi de causalité aux actes d’un homme, devrait pénétrer d’un regard d’une acuité absolument parfaite tous les replis de la conscience et de la subconscience de cet homme : autant dire qu’il devrait posséder un regard divin. Or c’est là une chose que nous pouvons et devons concéder. Aux yeux de Dieu, tous les hommes, même les plus grands génies, les Mozart, les Goethe, sont en effet des créatures d’une simplicité rudimentaire. Il a, constamment sous les yeux, ordonnée en une suite impeccable, toute la série de leurs actes, même ceux dont les mobiles sont les plus délicats. Tout cela ne fait d’ailleurs aucun tort à la dignité de ces grands hommes. Mais, ne l’oublions pas, ce serait faire preuve d’une présomption vraiment insensée que de vouloir s’appuyer sur ce qui vient d’être dit pour essayer d’imiter le regard divin et de reproduire le cours des pensées divines. L’intellect humain ne serait pas même en état d’en comprendre les pensées les plus profondes, si elles lui étaient communiquées. C’est pourquoi la doctrine du déterminisme, applicable aux phénomènes spirituels, n’est susceptible d’aucune preuve dans beaucoup de cas : c’est une thèse métaphysique, tout comme la thèse de la réalité du monde extérieur. Mais cette doctrine, si elle ne peut pas être prouvée, ne peut pas davantage être réfutée logiquement ; et son importance ressort suffisamment de ce qu’elle est présupposée à toute investigation scientifique des phénomènes psychiques. Existe-t-il un auteur de biographie qui, recherchant les motifs d’une action importante du personnage qu’il étudie, se tiendrait pour satisfait en l’attribuant au hasard ? S’il ne trouve pas d’explication satisfaisante, il dira plutôt que les sources dont il dispose sont incomplètes ou, s’il est assez lucide pour cela, il pourra invoquer l’impuissance où il est de pénétrer la mentalité de son héros. Dans la vie ordinaire, il en va