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dans l’avenir d’autres personnes à éprouver un grand nombre d’impressions ; celles-là, importantes en elles-mêmes et par leurs conséquences heureuses. Cependant, d’autre part la doctrine positiviste est caractérisée par le fait, dont elle tire gloire, qu’elles se borne à décrire des impressions effectivement éprouvées. Aussi, d’après elle, on ne doit pas chercher à savoir pourquoi telle impression d’un physicien, même s’il n’en donne qu’une description tout à fait rudimentaire, possède aussitôt une grande valeur aux yeux des physiciens de tout l’univers : c’est là une question qui n’a pas de sens physique.

La raison d’être de ce paradoxe évident, est facile à comprendre. Le positivisme, quand il veut être conséquent avec lui-même, repousse l’existence et même la simple possibilité d’une physique indépendante de l’individualité du savant. Il y est contraint parce qu’il ne reconnaît, en principe, pas d’autre réalité que les impressions individuelles éprouvées par les divers physiciens. Je n’ai pas besoin de dire que, par là même, se trouve être résolue, de façon à exclure le moindre doute, la question de savoir si le positivisme, suffit à l’édification de la science physique ; car une science qui repousse, par principe, l’objectivité de son objet, prononce elle-même sa propre condamnation. La base sur laquelle repose le positivisme est, nous le concédons, solide ; mais elle est trop étroite. Il est donc nécessaire d’élargir cette base, ce que nous ferons en disant que la science doit être, autant que possible, débarrassée de toutes les influences provenant du facteur individuel humain. Pour y arriver il lui faudra faire un pas dans le domaine de la métaphysique. À cette démarche, la saine raison et non plus la seule logique formelle nous convie. Elle consiste à poser l’hypothèse que nos impressions personnelles ne constituent pas, en tant que telles, l’univers physique ; mais seulement en tant qu’elles sont les témoins d’un autre monde qui se tient caché derrière elles et qui ne dépend pas de nous. Ceci revient à admettre l’existence d’un monde extérieur réel.

On le voit, nous sommes arrivés, au point où le « comme si » positiviste doit être mis de côté, et il en est de même des prétendues inventions commodes dont nous avons cité plus haut des exemples. Celles-ci doivent être