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rassembler toutes nos observations sur les phénomènes naturels, sous un régime de lois, aussi simples et aussi exactes que possible ? Le mouvement d’idées qui se rattachent à l’opinion de ceux qui répondent par l’affirmative à cette question sera appelé par nous « positivisme ». Il est résolument appuyé, à l’heure actuelle, par nombre de physiciens et de philosophes, en raison de l’insécurité de la situation générale. Le mot de « positivisme » a été pris dans bien des acceptions depuis Auguste Comte, c’est pourquoi nous croyons nécessaire de préciser le sens dans lequel nous l’employons et qui est d’ailleurs un des plus usuels.

Le positivisme est-il une base suffisante pour permettre d’édifier entièrement la physique ? Nous ne saurions trouver de meilleure méthode pour le savoir que de considérer où cette doctrine nous conduit dans le cas où nous lui faisons entièrement confiance et à quelles conclusions nous aboutissons en l’adoptant intégralement. Nous nous placerons donc d’abord à un point de vue purement positiviste et nous nous efforcerons, naturellement, de nous astreindre à la logique la plus rigoureuse, évitant avec soin de nous laisser entraîner à des jugements dictés par la coutume ou par le sentiment. Nous pourrons, sans doute, arriver à des conclusions un peu étranges ; mais, du moins, nous serons certains qu’aucune contradiction logique ne nous aura échappé, car nous demeurerons dans le domaine des impressions individuelles et nous savons que deux impressions de cette sorte ne peuvent jamais se contredire. Inversement, nous sommes tout aussi assurés qu’aucune impression, quelle qu’elle soit, ne pourra être exclue de notre prise en considération, de telle sorte que nous n’ignorerons aucune des sources du savoir humain. Telle est, il faut le reconnaître, le point fort du positivisme : il s’occupe de toutes les questions susceptibles d’être résolues par des observations et, réciproquement, toutes les questions auxquelles il attribue un sens peuvent être résolues au moyen d’observations. Aux yeux du positiviste, il n’y a donc, par principe, aucun mystère, aucune obscurité, tout se passe au grand jour.

À vrai dire, il n’est pas très simple de persévérer dans cette ligne de conduite jusque dans les moindres détails.