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idée que vient à l’esprit sera de nous tourner vers la plus exacte de toutes les sciences : la physique. Pourtant, elle aussi, n’a pas été épargnée par la crise. L’incertitude a envahi son domaine et il y a conflit d’opinions dans des questions ayant rapport avec la théorie de la connaissance. Les principes les plus incontestés de cette science ; bien plus, le principe de causalité lui-même, ont été quelquefois jetés par-dessus bord. Aussi voyons-nous que, de temps en temps, on tire argument de la crise de la physique en faveur de l’incertitude de tout savoir humain.

Je prendrai donc la liberté, en tant que physicien, et en me plaçant au point de vue de ma science, de donner un aperçu de la position prise par la physique vis-à-vis des questions qui se posent à l’heure actuelle. Il n’est pas impossible, d’ailleurs, que nous arrivions à certaines conclusions, applicables également à d’autres domaines de l’activité humaine.

I

La source de tout savoir et, par conséquent, l’origine de toute science, se trouve dans nos impressions individuelles. Celles-ci constituent, en effet, les données les plus immmédiates et les plus réelles qui se puissent imaginer et elles sont le point de départ de tous les raisonnements dont se compose la science. La matière première de toute science provient ; soit, directement, de nos sensations, soit, indirectement, des leçons de nos maîtres et des livres qu’ils ont écrits. Nos connaissances n’ont point d’autres sources.

En physique, nous avons affaire aux impressions sensibles qui nous proviennent de la nature inanimée et qui trouvent leur expression dans des mesures et dans des observations plus ou moins exactes. Le contenu de tout cela, qui est tout ce que nous voyons, touchons ou entendons, constitue donc une donnée immédiate et une réalité incontestable. Mais il est, néanmoins, une question qu’il faut se poser : Est-ce là un fondement suffisant pour la physique ? La tâche qui incombe à cette science est-elle complètement définie quand on a dit qu’elle consiste à