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CHAPITRE IX

LE POSITIVISME ET LA RÉALITÉ DU MONDE EXTÉRIEUR

C’est un monde étrange que celui où nous vivons. De quelque côté que nous portions nos regards, dans tous les domaines, qu’il s’agisse du côté matériel de la civilisation ou de son aspect spirituel, nous sommes entrés dans une période de crise grave et cette crise imprime à notre vie, tant publique que privée, un caractère d’incertitude qui se manifeste de multiples façons. Il y a des gens qui voient dans cet état de choses le prélude d’une ascension grandiose ; d’autres pensent, au contraire, que nous sommes en présence des prodromes d’une décadence inévitable. Comme autrefois, en matière religieuse, et plus tard dans le domaine de l’art, il n’y a plus maintenant, sur le terrain scientifique, pour ainsi dire, aucun principe dont la validité n’ait été mise en doute ; il n’y a pas une extravagance qui n’ait trouvé des partisans. C’est à se demander s’il existe encore une vérité susceptible d’être tenue pour intangible et capable de constituer un point d’appui solide pour résister à l’assaut d’un scepticisme qui ébranle tout.

De la logique, telle que nous la voyons mise en œuvre, sous sa forme la plus pure, dans les mathématiques, nous ne saurions attendre aucun secours. Certes, la logique, elle-même, doit bien être regardée comme inébranlable ; il n’en est pas moins vrai que son rôle se borne à établir des relations. Pour acquérir une portée réelle et une signification, il lui faut un point d’appui fixe ; la chaîne la mieux forgée ne saurait être tenue pour un point d’appui sûr, si elle n’est solidement attachée quelque part.

Où trouverons-nous, maintenant, ce point d’appui indispensable à notre connaissance de l’univers ? La première