Page:Planche - Portraits d’artistes, t. 1, 1853.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée
250
PEINTRES ET SCULPTEURS.

qu’il n’éprouvait pas une admiration bien vive pour le portrait connu sous le nom du Chapeau de paille, et que j’ai vu dans ma jeunesse applaudi comme le dernier mot de l’art. Il y a pourtant dans ce portrait, dont le modèle appartient à la famille Didot, une certaine adresse qui n’est pas indigne d’attention. Si la peinture de M. Hersent, dans le Chapeau de paille comme dans le Gustave Wasa, est un peu trop léchée, elle offre pourtant une étude qui n’est pas sans profit : elle révèle clairement ce que peuvent des facultés moyennes soutenues par une courageuse persévérance. Envisagées sous cet aspect, les œuvres de M._ Hersent sont pleines d’enseignements. Doué d’une imagination tiède, avec une notion très-incomplète de la beauté, il a trouvé moyen d’obtenir et de garder pendant quelques années une renommée de science et de talent. C’est au travail seul, au travail persévérant, qu’il a dû ce bonheur passager, et maintenant (pie son nom est entré dans l’oubli, il n’est point inutile de rappeler la cause de ses succès.

Un esprit fin et délicat ne pouvait man(pier de comprendre bientôt tout ce qui manquait à M. Hersent. Aussi, dès que M. Gleyre fut libre, il partit pour l’Italie, où il a passé les plus belles années de sa vie. Tous ceux qui ont pu feuilleter ses cartons rendent justice au caractère encyclopédique de ses études. Les dessins nombreux qu’il a rapportés se distinguent en effet par leur variété aussi bien que par leur précision. Giotto n’est pas copié avec moins de fidélité cpie Raphaël ; les premiers bégaiements de la peinture renaissante sont transcrits avec autant de soin (pie les accents d’un art consommé. Il est facile de démêler dans ces souvenirs esprit de justice et d’impartialité qui ne se rencontre pas fréquemment chez les artistes de nos jours. Ce n’est pas que M. Gleyre attribue la même importance à toutes les époques, à tous les monuments de la peintiue