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ÉTUDES SUR LES ARTS.

de faire fruclilier toutes les richesses intellectuelles de notre pays. En se laissant guider par leurs prédilections, ils condanmeraient, sinon au néantj du moins à l’obscurité, une partie des richesses qui leur sont confiées ; c’est pourquoi je suis heureux de voir réunis, dans la décoration de l’Hùtel de ville, les noms de MM. Ingres et Delacroix. Je vois dans cette réunion un gage de tolérance. Il se trouvera toujours des esprits étroits qui répudieront le premier au nom de l’école vénitienne, et le second au nom de l’école romaine. L’administration ne doit se laisser entraîner par aucune doctrine exclusive. Dans le choix des artistes qu’elle appelle à décorer nos monuments, ce n’est pas le triomphe de telle ou telle école qu’il faut avoir en vue, mais bien le développement de la pensée sous ses aspects les plus divers. Or, pour réaliser ce vœu des bons esprits, il est nécessaire d’encourager tous les artistes qui possèdent un talent élevé, sans leur demander d’où ils viennent, où ils vont, ce qu’ils veulent, ce qu’ils poursuivent : pourvu qu’ils aient donné des gages de savoir et d’invention, ils ont des droits égaux à la décoration de nos monuments ; c’est là une vérité qu’il suffit d’aflirmer.

Je n’ignore pas, qu’en parlant ainsi, je m’expose tout à la fois au reproche d’indifférence et au reproche de profanation. Les admirateurs exclusifs de M. Ingres m’accuseront de méconnaître la sainteté de la tradition ; les admirateurs exclusifs de M. Delacroix verront en