Page:Planche - Études sur l’école française, t. 2, 1855.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée
160
ÉTUDES SUR L’ÉCOLE FRANÇAISE.

du visage ; il a dressé procès-verbal de toutes les taches qui se rencontraient sur la peau de ses modèles, et sans doute il a trouvé, parmi ses amis, de nombreux approbateurs. Mais il n’y a rien de commun entre la tâche du peintre et l’office du greffier. Les gerçures des lèvres, les rides et les verrues ne sont pas, et ne seront jamais, la partie importante de la peinture. Or, il y a tel portrait de M. Hornung dont les lèvres rappellent le ton d’une muraille moisie, tel autre dont les tempes sont ornées d’une foule de caps et de promontoires. Il est possible que la famille et les amis du modèle pleurent de joie et d’admiration en regardant ces portraits ; pour nous qui n’avons à juger dans ces œuvres que le mérite de la peinture, nous sommes forcé de déclarer que les éloges prodigués à M. Hornung sont fort exagérés. La patience et l’adresse sont, assurément, deux qualités très-recommandables, mais ne sauraient suffire pour faire un bon portrait. Si M. Hornung veut garder la réputation dont il jouit dans sa patrie, je lui conseille de ne plus rien envoyer au Louvre.

Les dix portraits envoyés par M. Champmarlin ne valent pas ceux qui ont fondé la juste célébrité de l’auteur. Parmi ces dix têtes, il n’y en a pas une qui puisse être comparée aux portraits de M. Portai, de M. Desfontaines ou de M. le duc de Fitz-James. Les trois portraits dont nous parlons ne se distinguaient pas, seulement, par une rare habileté, et révélaient une étude patiente, le désir ardent de lutter avec la nature. A l’époque où M. Champmartin peignait ces ouvrages si légitimement admirés, il variait ses procédés selon le caractère spécial de ses modèles ; l’étude de chaque tète lui suggérait des moyens nouveaux et inattendus. Quoiqu’il fût déjà depuis longtemps sûr de sa main, quoique le pinceau obéit à sa volonté, il se contentait diffi-