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conservait au pouvoir l’apparence de la force et de la grandeur, tenait ces chrétiens dans la crainte et illusionnait les puissances occidentales sur le véritable état de votre empire.

Aussi votre dynastie, il faut bien le reconnaitre, en est-elle venue à n’avoir plus de bases qui lui soient propres ; c’est de l’étranger qu’elle emprunte le peu de consistance qui lui reste. Que l’Occident s’agite, le trône de Votre Majesté est ébranlé ; qu’il se divise, el rien n’empêchera ce que l’Europe appelle votre fantôme d’État de disparaitre avec la dynastie des Ottomans.

La force d’un État réside dans l’union de tout son peuple. Si le peuple vit heureux sous la protection des mêmes lois ; s’il a confiance dans ceux qui le gouvernent, et si une même bonne pensée le dirige, cet État est puissant : la France, l’Angleterre, la Russie, en sont la preuve ; si, au contraire, le peuple est malheureux ; si l’arbitraire remplace les lois ; s’il ne voit que des oppresseurs dans ceux qui le gouvernent, cet État est faible et marche vers sa ruine : c’est la situation de l’empire byzantin. Quelle consistance un pareil État peut-il emprunter aux individus qui végètent sur son sol ? Avant de songer à l’ennemi du dehors, le souverain ne doit-il pas se prémunir contre ses propres sujets ?

Sire, Votre Majesté a l’initiative de la pensée en toutes choses, mais il lui importe d’unir la liberté de