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riez encore dicter pour votre enfant, le testament d’Eudamidas de Corinthe. Monsieur, voilà vos droits à l’immortalité dans mon cœur, et dans celui des vrais amis de leur pays.

Au reste, les dignités et les talens, dons des hommes ou de la Providence, comme les rayons de l’astre du jour, sont des biens hors de nous, dont l’éclat éblouit, mais dont la propriété ne nous est acquise que par le bon usage que nous en faisons pour les autres. Que j’aime bien mieux retrouver l’homme privé, adoré dans sa famille, bon avec tous les hommes, sublime et profond dans son cabinet comme Montesquieu, naïf et franc dans la société comme Lafontaine ! Horace lui diroit avec vérité : Domus non purior ulla est ; sa maison est le temple de la candeur, de l’amitié et de la bonne foi ; le local est petit, mais c’est celui de Socrate.

Le Sénateur membre de l’Institut, donne de l’éclat à mes malheurs ; mais l’estime de l’homme privé donne encore bien plus de mérite à l’auteur qui a l’honneur d’être,


Avec un très-profond respect,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
L. A. Pitou.

Paris, 30 pluviose an 13 (19 février 1805).