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xiv empoisonné par cette pensée terrible : je suis sensible, j'aime et j'aimerai toute ma vie, et on veut me faire prêtre : non, je ne le serai jamais.... mais que ferai-je ?... Quoique cette pensée me tourmentât quelquefois jour et nuit, jamais elle ne vint sur mes lèvres avec aucun de mes camarades les plus intimes, dans ces petits cercles où l’enfance, éloignée des regards paternels, énonce librement ses projets, ses inclinations et ses goûts. Moi, je serai avocat, moi notaire, moi marchand, moi prêtre, se disoit-on ; et toi Pitou ? ... Je n'en sais rien. Les femmes plus fines et aussi discrètes que nous, n’ont pas eu plus d'empire contre mon secret. Si elles eussent pu, à cet âge , attacher le prix l’amour à la solution de cette question, je ne l’aurois pas donnée. Plus j’étois réservé, plus elles me questionnoient. Quelle épreuve !... ô quelle épreuve ! j’ai tellement résisté ; que celle qui avoit le plus d’empire sur mon cœur, me croyant parti