Page:Pirro - Descartes et la Musique, 1907.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AVANT-PROPOS

Le travail que j’entreprends ici se rapporte moins à Descartes philosophe, qu’à Descartes « honnête homme », curieux et cultivé. Ce que l’auteur du Discours de la Méthode nous a laissé de plus complet sur la musique vient en effet d’un temps où, vêtu de vert[1], il vivait encore dans le monde, à la façon d’un cavalier. Pendant ses années de retraite, le sage au costume sombre que Franz Hals nous représente, ne toucha plus guère à ce sujet qu’en passant, et par occasion. La majeure partie de ce qu’il dit de l’art musical est ainsi contenue dans un essai de jeunesse, et le reste de ses observations sur cette matière se trouve dans ses lettres et dans

  1. Le vert était la couleur à la mode, au commencement du XVIIe siècle. Dès le XVIe siècle, d’ailleurs, les habits verts étaient en vogue. Dans le Journal de l’Estoile, il est question de la robe verte que portait Gabrielle d’Estrées en 1595 ; une chanson mise en musique par P. des Cornets contient ces vers :
    « Je me feray de vert vestir, C’est la livrée des amoureux. »

    (E. de Coussemaker, Notice sur les collections musicales de la bibliothèque de Cambrai, 1843). Tallumant des Réaux parle dans ses Historiettes (éd. Monmerqué, 1861) du pantalon de velours vert de Richelieu (II), de l’habit de taffetas céladon de Racan (III, p. 131), d’un capitaine de quartier qui habille ses hommes en vert, couleur de sa belle, Mlle Paulet, lors de l’entrée de Louis XIII à Paris après la prise de la Rochelle (IV, p. 13). On danse, à la cour, le ballet « des dix verds ». Peiresc marque son goût pour des vases qui seraient « de quelque beau verd » (Correspondance , éd. par Tamisey de Lar- roque, V. p. 3). Mersenne assure que « le verd récrée d’avantage l’âme, et le bleu l’œil » (Traité de l’Harmonie universelle, 1627), p. 321.