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ÉPIGRAMMES FACÉTIEUSES.

I

Mon cher frère, — disait Sylvie,
Si tu quittais le jeu, que je serais ravie !
Ne le pourras-tu pas abandonner un jour ?
— Oui, ma sœur j’en perdrai l’envie
Quand tu ne feras plus l’amour. —
« Va, méchant, tu joueras tout le temps de tu vie. »

II

Battre ta femme de la sorte,
Sous tes pieds, la laisser pour morte,
Et d’un bruit scandaleux, les voisins alarmer, —
Tuvas passer pour un infâme.
Compère, l’on sait bien qu’il faut battre une femme.
Mais il ne faut pas l’assommer.

III

Un cordelier, faisait l’œuvre de chair,
Et rebattait en festoyant sa mie.
Son compagnon lui dit : — « Frère très-cher,
Il faut pourtant aller chanter Complies. »
Lors le frater dit : — « Parbleu, je m’oublie ;
« Sus ! haut le cul ! dépêchons-nous, Gogo ;
« Je reviendrai, si Dieu me prête vie,
« Dès que j’aurai chanté Tantum ergo. »